vendredi 19 avril 2024

Croquis de la fête taurine (poèmes 12)

 
 
Sevilla
 
Voir une corrida dans la Maestranza
Dimanche 
de Résurrection
Avec toi pour la première fois 




Curro Romero

Face au toro, face à la foule
un geste
et tout 
s'éclaire. Le monde s'ouvre à la beauté.



Morante de la Puebla

Morante
Quel est le secret 
de tes opulentes rondeurs ?
 



















lundi 15 avril 2024

Garlin

 


 
 
Dimanche 14 avril 2024      Garlin (Pyrénées Atlantiques)
quasi plein                           Arènes de la Porte du Béarn
très beau temps

Six novillos de Pedraza de Yeltes (nobles, sosos, 11piques) pour Sergio Sánchez (silence, silence), Cristiano Torres (silence, salut) et Aaron Palacio (une oreille, salut).

C'est en 2013, il y a maintenant 11 ans, que les Garlinois ont présenté pour la première fois en France la ganaderia de Pedraza de Yeltes. 11 ans de fidélité au fer en cette année 2024. Compte tenu de la notoriété désormais acquise par l'élevage et de ses nombreuses sorties dans des arènes de première catégorie, la petite plaza béarnaise ne prétend pas bénéficier du dessus du panier de la ganaderia. Les armures sont discrètes et, cette année, à l'issue de la course un sentiment de déception dominait à propos de leur comportement. Le lot valut plus pour sa noblesse que pour sa bravoure. Si l'on vit quelques belles poussées au cheval, elles furent accompagnées de nombreux coups de tête faisant sonner les étriers. Tous firent preuve par la suite d'une belle franchise dans les leurres mais leur manque de force ou de fond rendit leur charge fade avant qu'ils ne se réservent et cherchent les planches. Le quatrième, manso coureur et attiré par le callejon (qu'il ne réussit pas à atteindre malgré plusieurs tentatives) se révéla le plus piquant du lot.
Hormis lors d'une belle réception à la cape par véroniques en tablier, Sergio Sánchez fut à la peine toute l'après-midi et n'écouta que le silence.
Cristiano Torres est un novillero puesto, aussi à l'aise dans le toreo classique que dans celui de proximité qu'il semble affectionner. Une mise à mort en plusieurs épisodes le priva, au cinquième, d'une oreille jusqu'alors bien gagnée.
Aaron Palacio a constitué la révélation de la journée. Poignet de velours, sens du placement, toreo classique, le tout jeune et encore inconnu novillero est une belle promesse. Il coupa l'oreille du 3 et perdit face au bon sixième un triomphe d'importance en raison d'une mise à mort très laborieuse.

vendredi 12 avril 2024

André Boniface : mort d'un artiste

    Il fut artiste, comme peut l'être un torero. Art du geste, du mouvement, volonté d'apporter une dimension supplémentaire à un sport qui, comme la corrida, est, avant tout, une affaire de combat. Mais les hommes ont aussi appétit de beauté et de lumière et les passeurs comme lui seront toujours précieux.
 

 
Sur cette magnifique photo de L'Equipe, on reconnait à droite d'André, Pierre Albaladéjo et Guy Boniface (France - Galles 1963).

Un livre : Denis Lalanne, Le temps des Boni, La Table ronde, 2002
Un film  : Frank Nicotra,  Le temps des Boni,  2003
Une entrevue : Actu Landes,  2016
 
 

 
 

lundi 8 avril 2024

Reprise en douceur printanière

    Après plusieurs mois de pluies continues, la douceur printanière donne envie de toros. Ça tombe bien, il y en a - et des sérieux - à Mont-de-Marsan pour la novillada de Saintperdon dont la date traditionnelle de la fin août a été cette année avancée au mois d'avril, et à Aignan qui a dû reporter d'une semaine sa corrida pascale pour cause de mauvais temps.
   Samedi, au Plumaçon, les novillos de Valdellán (les santacolomas de León) étaient majoritairement bien roulés et intéressants. Ils ont permis à Miguel Andrades, un novillero atypique de se montrer à son avantage. Atypique parce qu'à 28 ans, après ce que l'on peut appeler une longue éclipse puisqu'il a été finaliste du bolsin de Bougue en 2013, le Jerezano a refait surface l'an passé en novillada piquée en affrontant avec succès nombre de fers réputés difficiles. Il torée avec entrega, transmet de l'émotion au public, possède à la cape un répertoire varié et pose les banderilles remarquablement. Oserai-je dire que, dans cet exercice, il m'a fait penser à Victor Mendes ? On ne peut trouver meilleur compliment. Il faut mettre, hélas!, un bémol à tant de choses positives : la nature l'a malencontreusement doté d'une très petite taille, ce qui va constituer pour lui un très sérieux handicap si un jour il doit affronter des toros.






   Les voyages répétés, embarquements, débarquements, imposés aux Baltasar Iban ces derniers jours avaient certainement amoindri leurs capacités physiques (plusieurs fléchirent du train arrière) mais la caste, elle, est toujours là et bien là. Certes leur bravoure fut moins tonitruante que celle de leur frères de l'an passé à Vic-Fezensac mais tous furent intéressants, les 2 et 5 braves, plusieurs d'une belle noblesse, tous résistants à la mort.
   La qualité de la prestation d'Uceda Leal, alliance de l'expérience et d'une sobriété pleine de classe, porta davantage sur les toros que sur le public. Face à deux adversaires imposants et difficiles, il resta toujours maître de la situation et tua avec efficacité. Le quatrième, brusque et sans recorrido à sa sortie, révéla au troisième tiers une corne gauche fréquentable que le maestro madrilène ne se fit pas faute d'exploiter (sans excès d'engagement toutefois).
   Un placement sûr, des toques subtils, une capacité à lier permettent à Dorian Canton d'accéder au plus pur et au plus difficile du toreo : la domination par la douceur. Il eut en revanche parfois du mal  à adapter son rythme à celui de ses toros et se fit donc tutoyer trop souvent les leurres (oreille du 2). Dorian Canton a besoin de toréer.
  La charge vive et franche du dernier permit à Christian Parejo de s'étirer en naturelles et de terminer l'après-midi oreille en main. Une épreuve passée avec succès pour le jeune Biterrois.


Photo Laurent Bernède : Mont-de-Marsan, Miguel Andrades
                                                                                                   

jeudi 4 avril 2024

3 grandes ferias 3

    Parmi les grandes ferias, il y a bien sûr la feria d'avril de Séville ou la San Isidro madrilène. Toute la torería andante rêve d'y participer et d'y triompher, tous les aficionados qui s'en trouvent éloignés rêvent de pouvoir assister ne serait-ce qu'à quelques courses. Inutile de dire que les retransmissions télévisées ne sont que pauvres succédanés qui n'ont rien de comparable avec le plaisir de se trouver assis sur les gradins de la Maestranza ou de la Monumental.
   Mais il existe d'autres grandes ferias, non pas grandes par la taille de leur arène ou par le nombre de figures qui y participent mais grandes par l'ambition de leurs organisateurs d'y proposer une tauromachie complète face à des toros provenant des fers les plus redoutés. Celles de Vic-Fezensac et de Céret sont déjà des classiques. Une nouvelle venue, organisée par le club taurin "3 puyazos" à San Agustin del Guadalix (Madrid), tentera d'affermir sa position après deux années où elle a déjà permis des tardes de grand intérêt.

   Voici les cartels de ces trois ferias :


          San Agustin del Guadalix
 
  
   Samedi 27 avril
   12h   novillada
Isaías y Tulio Vazquez - Raso de Portillo
Joao d'Alva - Miguel Andrades

   18h   corrida
Palha - Conde de la Corte
Sánchez Vara - Morenito de Aranda - Angel Sánchez

   Dimanche 28 avril
   12h   corrida
Dolores Aguirre
Sergio Serrano - Damian Castaño - Francisco Montero

À noter que l'affiche mentionne le nom des picadors (une initiative à saluer).



     Vic-Fezensac




   Samedi 18 mai
   11h   novillada
Raso de Portillo
Alvaro Seseña - El Melli - Jesus de la Calzada

   Dimanche 19 mai
   11h   corrida concours
Saltillo   -   Palha   -   Prieto de la Cal
Veiga Teixeira - La Corte - Pagès Mailhan
Sánchez Vara - Octavio Chacón - Juan de Castilla

   18h   corrida 
Dolores Aguirre
Alberto Lamelas - Damian Castaño - Luis Gerpe

   Lundi 20 mai
   11h   novillada sans picador

   17h corrida
Los Maños
Morenito de Aranda - Román - El Rafi



     Céret

   Samedi 6 juillet
   18h   corrida
Sobral
Damian Castaño - Gómez del Pilar - Juan de Castilla

   Dimanche 7 juillet
   11h   novillada
Barcial
Mario Arruza - Jesús de la Calzada - Miguel Andrades

   18h   corrida
José Escolar Gil
Fernando Robleño - Gómez del Moral - Sergio Flores



   On notera l'engagement de Damian Castaño pour les trois ferias, ainsi que le doublé de Gomez del Pilar à Céret. Deux toreros aujourd'hui indispensables dans les grandes ferias.
  Enfin je voudrais aussi mentionner la feria d'Alès qui se déroulera à la mi-mai et qui depuis longtemps maintient une tradition taurine de haut-niveau dans les Cévennes. (NB : on peut cliquer sur le nom des villes affiché en bleu pour plus d'informations)




mardi 2 avril 2024

Prélude

    La temporada vient de commencer et l'aficionado s'est de nouveau mis en quête de toros braves et de bon toreo.
   En prélude à la temporada, cet extrait de ''La solitude sonore du toreo'' de José Bergamín :

   "J'ai entendu beaucoup de vieux amateurs et de toreros dire qu'il est chaque fois plus difficile de voir un taureau sauvage dans l'arène, qu'il est très rare de voir surgir des stalles dans les arènes un taureau brave. Mais qu'est-ce qu'un taureau brave ? N'entrons pas ici dans le labyrinthe des définitions classiques qui vont de Pepe Hillo à Domingo Ortega.
   Contentons-nous de dire qu'un taureau brave est avant tout un taureau qui charge, et ça, d'après don Ramón del Valle Inclán, le taureau sait le faire depuis des milliers d'années. Il est indubitable que si les taureaux ne chargeaient pas, il n'y aurait pas de tauromachie possible et que l'art de toréer n'existerait pas. Or nous voyons de nos jours sortir dans le rond - si fréquemment qu'on finirait par croire qu'il n'y en a point d'autres - des taureaux qui ne chargent pas. En revanche, parmi ces taureaux qui ne chargent pas, nous en voyons qui passent, c'est-à-dire qui suivent sans barguigner le leurre du bâtonnet au drap rouge ou de la cape rose, aussi docilement que s'ils étaient domestiqués. La différence existant entre le taureau qui fonce et l'autre qui passe, suit le chiffon rouge en chargeant de façon si faible, si molle, si docile, qu'on ne dirait plus une charge, me paraît être ce qui distingue le taureau brave de celui qui ne l'est pas : ce qui les différencie.   (...)
   Le taureau courageux charge le torero, qui ne le fait pas passer mais sortir de sa charge impétueuse en lui retirant le volume qu'il cherchait comme finalité même à sa charge. C'est pourquoi la fameuse phrase attribuée à Lagartijo ou à Cúchares n'est pas vraie : ''Le taureau vient, tu t'enlèves, sinon c'est lui qui t'enlève.'' Commentant la façon de toréer de Belmonte, Pérez de Ayala disait avec raison que ce n'est pas le torero qui s'écarte, mais le taureau qui est écarté, enlevé de soi, par une passe de soie rose ou de drap rouge. On ne fait pas passer un taureau, on l'enlève - c'est une chance - en lui faisant un sort, grâce à la figure qui porte justement ce nom; et, lui ayant jeté ce sort, on le lui impose, et on paraphe, sans se frotter à lui. Nous insistons sur ce point : passer n'est pas charger. Le taureau qui charge ne passe pas, ne passera jamais.''
 
 
Novillo de Baltasar Iban chargeant, hier à Mugron (photo Laurent Bernède)
 

dimanche 17 mars 2024

Croquis de la fête taurine (poèmes 11)

 

Sanchez Bejarano

Je me souviens de toi
Agapito
Pantin démantibulé
Puis pantalonné de bleu.
 
 
 
Frascuelo
 
Sous ton visage buriné
tes gestes
sculptés
toute la foi en l'art taurin. 



Richard Millian

Fétu de paille à la merci
des cornes
ton cœur
jamais ne trembla modeste torero.





poèmes 10

vendredi 8 mars 2024

Cartels : un début de temporada française très attractif

    Les cartels de ce début de temporada ne manquent pas d'intérêt, en particulier en ce qui concerne les élevages annoncés. Rien moins que Baltasar Iban, Valdellán, Pedraza de Yeltes, Valverde, Saltillo, Castillo de Huebra et Palha. Une variété dans les encastes exemplaire qui apportera, espérons-le, diversité de comportement et émotion dans les ruedos.

(On peut cliquer sur le nom des villes en bleu pour plus d'informations)


Aignan (Gers)
Dimanche 31 mars




Mugron (Landes)
Lundi 1 avril
 


Samedi 6 avril
 


Garlin (Pyrénées Atlantiques)
Dimanche 14 avril


Saintmartin de Crau (Bouches du Rhone)
Samedi 20 avril


Gamarde (Landes)
Dimanche 21 avril
 

 
 
 
Aire-sur-Adour (Landes)
Mercredi 1 mai
 
Palha
Alejandro Peñaranda - Victor Cerrato - Pepe Luis Cirugeda



jeudi 22 février 2024

Lejos de los árboles

   

 
   Lejos de los árboles est un long métrage documentaire tourné entre 1963 et 1970 par Jacinto Esteva Grewe, un des fondateurs de l'École de Barcelone. Le film, longtemps en butte à la censure, finit par sortir sur les écrans en 1972, en toute confidentialité. Il faut dire que le sujet en est rude. Bien loin des espagnolades destinées à donner aux touristes une image édulcorée du pays du soleil et des castagnettes, il s'agit, à travers des images brutes et brutales de fêtes et de rites populaires de l'Espagne profonde, de montrer la manière dont les Espagnols se confrontent aux éternelles angoisses de l'humanité : la mort, le mal. 
   On y voit par exemple la fête des possédés de la Vierge à Lalin (Pontevedra), la procession des pénitents à San Vicente de Sonsierra (La Rioja), la cérémonie de l'âne jeté de la falaise à Granera (Barcelona).
   Si la force du film vient de la force des images, sa faiblesse vient du fait que le spectateur a du mal à saisir quelle est l'intention de l'auteur.
   Est-ce un film anthropologique ? Dans ce cas il lui manque l'objectivité et la rigueur d'un regard qui se voudrait scientifique.
   Est-ce une dénonciation de pratiques obscurantistes ? Au-delà de la fascination morbide qu'exercent certaines séquences, ceux qui voient dans l'histoire de l'humanité une lente marche vers le progrès seront tentés de le penser.
   Est-ce un film à thèse (Seul l'art permettrait de transcender les affres de l'esprit humain) ? La conclusion ainsi que certaines séquences, celles liées à la tauromachie notamment, pourraient le laisser croire.
   La tauromachie justement occupe une place non négligeable dans le film. Il y a une longue séquence sur les fameux Bous a la mar de Denia (Alicante) ainsi qu'un montage très travaillé qui met en parallèle la rudesse d'une capea de village (Elche de la Sierra, Albacete) avec la ritualisation sophistiquée d'une corrida à Barcelone (avec le matador Chamaco).
   Entre la richesse des thèmes abordés, l'ambiguité du regard du cinéaste et le choc des images, on sort de la vision de ce film trouble et fascinant comme ayant reçu un sacré coup à l'estomac.
                                                
 
 
 

 
 
Pour en savoir plus et en particulier la liste des différents lieux de tournage :

lundi 5 février 2024

Croquis de la fête taurine (poèmes 10)

 
Cuadri 

Un barrage d'eaux noires
se rompt
Coup hardi 
emportant tout sur son passage




Maria Luisa Dominguez Perez de Vargas

La perfection existe-t-elle ?
Si oui
elle ressemble
à un toro de Maria Luisa Dominguez Perez de Vargas




Cebada Gago

Ah ! ces bogues dagues qui piquent
et 
qui
s'activent dans le cirque et dans les cœurs 








mercredi 24 janvier 2024

Deux bibles (pour mieux connaître les élevages)

    Deux ouvrages récemment parus sont d'une grande utilité pour l'aficionado désireux de mieux se repérer à travers l'écheveau parfois inextricable que constitue l"ensemble des ganaderias de toros braves.
   Il y a tout d'abord l'annuaire officiel de l'UCTL, annuaire qui n'en est plus tout à fait un puisqu'il a fallu attendre cinq années avant de le voir réédité.
 

  On y trouve tous les renseignement officiels, tant administratifs qu'historiques, concernant les 344 ganaderias affiliées, dont 243 peuvent se prévaloir d'une ancienneté à Madrid.
   On y apprend aussi qu'entre 2012 et 2022, 23 ganaderias ont disparu. Mais il n'y en avait que 262 en 1990. La bulle taurine qui a sévi en Espagne entre 1990 et la crise financière de 2008 avait vu le nombre de ganaderias (comme celui des spectacles taurins) augmenter de manière totalement artificielle. La plupart n'étaient que des ganaderias de papier destinées à faciliter les héritages le moment venu. Pas sûr que les ganaderos y aient trouvé leur compte quand on sait que ceux-ci ont été obligés de brader l'an passé de nombreux fers devenus sans valeur.
   En feuilletant l'annuaire on se rend compte que s'y trouvent encore un nombre considérable de fers qui ne sont que des coquilles vides, c'est à dire qui ne possèdent plus aucune tête de bétail, et parmi eux de nombreux élevages au passé prestigieux. On sait qu'à l'inverse d'autres ont prospéré au point de devenir quasiment des élevages industriels.
 



   Les élevages de taureaux braves : genèse et évolution  de Bernard Carrère est une bible. En 200 pages, sans discours superflus, mais à l'aide d'une soixantaine de tableaux, l'auteur est parvenu à synthétiser l'histoire et l'évolution de tous les encastes et élevages depuis leur création jusqu'à aujourd'hui. Sa précieuse réussite a été de réunir sur chaque arbre généalogique, de manière très claire grâce à un subtil jeu de couleurs, les filiations liées à la fois aux fers, aux noms des élevages et aux origines. L'index très complet qui termine l'ouvrage permet de retrouver sans difficulté le tableau de l'élevage recherché.
   Bernard Carrère a accompli là un véritable travail de bénédictin, qui s'étale sur plusieurs années et pour lequel il a consulté un nombre considérable d'ouvrages. Si nous croyons que, porté par la passion qui l'habite, ce fut pour lui un plaisir, c'en est un aussi pour l'aficionado a los toros lorsqu'il le consulte. Le Carrère : une bénédiction !

Les élevages de taureaux braves - Genèse et évolution   de Bernard Carrère , Editions Passiflore , 2021 .

lundi 1 janvier 2024

Bonne année 2024 Feliz año nuevo

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Francis Picabia l'ami des castors
 
Fut trop franc d'être un jour picador
 
À Cassis en ses habits d'or. 


Robert Desnos   Rrose Sélavy   1923

 
Francis Picabia   Corrida   1926

mercredi 27 décembre 2023

Thomas Dufau : une belle aventure

   


 
   À l'auberge de Saint-Vidou, dans l'Armagnac landais, un petit garçon avait l'occasion de voir et d'approcher les matadors les plus célèbres de l'époque qui se rendaient au festival de Villeneuve-de-Marsan. Il rêva de devenir l'un d'eux.
   Aujourd'hui, après plus de quinze années d'une vie de torero, il peut contempler le chemin parcouru et le rêve réalisé. Il n'est certes pas devenu une figure du toreo, mais il a toréé dans les arènes les plus importantes de la planète taurine, jusqu'à la lointaine plaza de Acho au Pérou. Il a triomphé chez lui à Mont-de-Marsan aussi bien face aux faciles Juan Pedro Domecq que face aux très sérieux Pedraza de Yeltes.
   Bien sûr sa carrière a connu des hauts et des bas. Sans doute n'était-il pas suffisamment artiste pour espérer intégrer les "meilleurs cartels" et, malgré sa bonne technique et sa lucidité devant le toro, pas assez batailleur pour rejoindre le rang des belluaires.
   Mais on l'imagine heureux de sentir torero au souvenir d'une sortie a hombros en compagnie de José Tomas dans les arènes de Nîmes ou d'un tour de piste à Las Ventas l'oreille du toro en main.
    



photos Laurent Bernède

jeudi 7 décembre 2023

Croquis de la fête taurine (poésies 9)

 
El Juli
 
Phœnix superbe d'orgueil
toujours
maître
des toros
dans la simplicité
 
 
 
José Maria Manzanares (padre)
 
Il  fait  soleil  dès  que
tu montres
ton art
Chose rare mais précieuse 



Ortega Cano

Matador modeste avant d'être
grand 
torero
puis caricature de toi-même
 
 
 
 
 


 

mardi 28 novembre 2023

El Juli

 

 
   El Juli n'a jamais été un de mes toreros de prédilection. Les très grandes tardes qu'il a connues n'ont jamais réussi à me faire oublier les facilités qu'il s'est trop souvent octroyé tout au long de sa carrière, l'empêchant de rentrer dans le panthéon de mes favoris. Facilité dans le toreo de muleta; facilité au moment de la mort qui, en contrepartie, l'a privé de nombreux triomphes importants; facilité dans le bétail qu'il a affronté, ôtant beaucoup d'intérêt à ses démonstrations. Enfin je n'oublie pas que, par ses exigences financières démesurées, il a contribué à l'augmentation du prix des places des corridas.
 
   Pourtant, à l'heure où il a décidé de mettre un terme à sa carrière, me restent de lui quelques souvenirs heureux et émouvants.
   C'est dans la petite arène qui jouxte le Batan madrilène que je l'ai découvert alors qu'il n'était qu'un gamin, tentant de banderiller un becerro aussi grand que lui et ne se décourageant pas malgré les échecs et les bousculades. Une volonté de fer, déjà, se lisait dans son attitude.
   Une dizaine d'années plus tard, alors qu'il était devenu une figure indiscutable, lors des fêtes de la Madeleine 2003, il connut une journée mémorable face à deux toros de San Martin. Deux faenas d'une grande pureté où il fit preuve d'une douceur, d'un abandon qui confinèrent au sublime; jamais depuis je n'ai eu l'occasion de le voir toréer ainsi.
   Enfin, ces dernières années, vu cette fois par le biais de la télévision, il a donné en plaza de Madrid plusieurs véritables leçons de tauromachie. Pour l'occasion, sa sincérité, son temple parfait lui ont permis de dominer, de façonner à sa guise des adversaires rétifs et d'un grands sérieux. L'aboutissement de 25 années de maestria!

   Dans un récent article de la revue Toros qui analyse remarquablement la carrière du torero, Thierry Vignal distingue quatre périodes dans sa trajectoire taurine. 
   Dans ses premières années d'alternative, le Madrilène fut un torero largo et dominateur.
   Il eut une deuxième période durant laquelle, après avoir cessé de banderiller, il se mit en quête d'une plus grande pureté et profondeur.
   Sa troisième époque fut celle de la recherche des muletazos les plus longs possibles, liés et la main très basse, le tout parfois au détriment de l'esthétique et avec l'aide d'un bétail de circonstance.
   Enfin, ces dernières années, délivré de la pression qu'implique la poursuite de triomphes constants, le maestro toréa avec un plus grand naturel en basant son dominio sur une maîtrise parfaite du temple.
 
   Déjà, en 2002, dans Le Toreo revu et corrigé, Domingo Delgado de la Camara disait : ''El Juli est le Gallito du XXIe siècle. Avec une tête prodigieuse et une caste sans pareil. Ses racines sont chez Joselito, bien sûr; mais il torée avec les modes actuels : en rond et en se rapprochant d'une esthétique néoclassique. Parmi ses qualités se distingue aussi un bon sens du temple. Si l'on voulait mettre un léger bémol, on pourrait dire qu'il lui manque un peu de classe. On ne peut tout avoir.''

   Il faut aussi souligner les immenses capacités d'El Juli à la cape, non seulement pour la variété de son répertoire (et notamment l'apport des fameuses zapopinas venues d'Amérique) mais par le pouvoir souverain qu'il était capable d'exercer sur le toro dès les premiers capotazos.
   Malgré les ombres au tableau, El Juli fut la principale figure des vingt premières années de ce siècle durant lesquelles il exerça son autorité sur les toros, le public et le monde du toro.
 




Thierry Vignal, Julián Lopez "El Juli" : à propos d'une trajectoire, Toros n°2204 (novembre 2023)



  

vendredi 10 novembre 2023

Bilan 2023

 
Ma corrida rêvée
 
 
                              6   toros de Victorino MARTIN   6 
               El JULI   -   Sébastien CASTELLA  -  Borja JIMENEZ


   Les toros blessent et parfois tuent. Cette année ils se sont contentés de blesser. Morante, Roca Rey et Daniel Luque ont dû interrompre leur temporada alors que celle-ci, au plus ardent du mois d'août, était à son zénith. Après un début d'imperator romain (les deux oreilles et la queue à Séville), Morante n'a pu renouveler sa marche triomphante de l'an passé, Daniel Luque n'a pu s'imposer définitivement en Espagne et Roca Rey a laissé sans sommeil de nombreuses empresas.
   Mais il y avait Sébastien Castella. À partir de son triomphe de la San Isidro, sa saison a été une succession de jours heureux avec, en hauts faits d'armes, sa porte du Prince sévillane  (il en rêvait) suivie quelques jours plus tard d'une faena épique et dominatrice qui constitue un des sommets de la temporada face à un manso perdido de Victoriano del Rio lors de la feria d'Automne madrilène. Heureusement que sortent encore des chiqueros des toros - braves ou mansos - avec du caractère, de la caste, comme ceux de l'éleveur madrilène qui permirent au Français de montrer chaque fois sa trempe et son talent.
   El Juli est figure de la tauromachie depuis 25 ans et depuis 25 ans il a triomphé dans toutes les arènes de la planète taurine et pourtant il n'avait jamais figuré dans mon cartel de rêve. Son julipié - qui restera, pour toujours, une ombre à sa carrière, et le peu d'intérêt que présentaient ses prestations devant des toros de peu de présence et de caste en sont les causes. Pourtant ces dernières années, il a illuminé de sa maestria de nombreuses tardes, particulièrement à Las Ventas ce qui lui a permis de retourner en sa faveur un public qui lui avait été longtemps hostile. Aujourd'hui il s'en va, laissant des regrets : pour ce qu'il a été et pour ce qu'il aurait pu être.  
   Borja Jimenez, lui, représente l'avenir. Après une longue période de maturation (alternative en 2015) qui semble être aujourd'hui nécessaire à l'éclosion de beaucoup de matadors, il a gravi cette année le premier échelon qui peut mener à la gloire : s'extraire du monton et imposer sa sincérité aux toros et aux aficionados. Il lui reste à accomplir le plus difficile : confirmer et durer. La force du rêve. ...
   
   L'excellente temporada réalisée par les toros de Victorino Martin est une bonne nouvelle. Les élevages toristes capables de se maintenir en haut de l'affiche sont rares et pour cela précieux. On ne peut que se réjouir d'y voir les victorinos à leur meilleur niveau. En espérant que quelques figures auront le pundonor lors des prochaines temporadas de s'afficher face à eux.

   Je ne voudrais pas terminer sans un mot sur Paco Ureña, injustement oublié cette année par les organisateurs français. Il a rappelé lors de la mémorable corrida de Victoriano del Rio de l'automne madrilène à quel point il était un torero de pundonor, de sincérité et d'art. De ceux qui méritent d'être en haut de l'escalafon et qui, pour d'obscures raisons, ne s'y trouvent pas.
 




mardi 24 octobre 2023

Croquis de la fête taurine (poèmes 8)

 

Arènes de Torrevieja

Cailloux  béton  soleil

Et les toros de Prieto de la Cal

Et les toros de Javier Moreno de la Cova

Terreurs de cette terre de sel

 

 

Arènes de Carthagène 

Arène romaine et portuaire

Rondeur du temps, rondeur des traces

Oh ! quel bonheurs les passes

du Niño de la Capea

 

 

Arnedo
 

Ils ont détruit la vieille place des toros

les affairistes

les modernes

Ils ont tué une âme qui ne renaîtra pas






poèmes 7